
Vivre le conflit depuis la France
Comment vivre un conflit dans son pays d’origine lorsque l’on se trouve en France ? Face aux images de violences, comment réagir, construire et tenir avec sa communauté ? Entre inquiétude, sentiment d’impuissance et espoir, quels liens se tissent avec son pays d’origine ?
Pour répondre à ces questions, nous avons rencontré trois personnes issues de trois diasporas différentes en Ile-de-France : la Colombie, la Syrie et Haïti.
Réagir
Mateo est colombien. Venu en France pour étudier il y a 4 ans, il est aujourd’hui ingénieur. Dans son pays, un mouvement social d’une ampleur inédite a secoué le pays à partir du 28 avril et pendant presque deux mois. La police et les forces spéciales anti-émeutes de l’ESMAD ont ainsi violemment réprimé les manifestations : au moins 51 morts et 850 blessés ont été recensés par l’ONG Temblores (juin 2021). Pour Mateo, c’est pourquoi il faut réagir. Nous l’avons suivi lors de sa première manifestation à Paris, en soutien à ses compatriotes.
Construire
Kassem est réfugié syrien. Arrivé il y a 6 ans, il est aujourd’hui acteur et fondateur du collectif « Al-beyt ». En Syrie, la guerre commencée en 2011 dévaste encore le pays. Le régime de Bachar-Al Assad est toujours en place, réprimant les mouvements pro-démocratie et contrôlant les deux tiers du pays. Le conflit a fait plus de 380 000 morts dont 110 000 blessés. Pour Kassem, il faut alors construire l’avenir de la Syrie même en étant en France. Il y a deux mois il a fondé un collectif baptisé « Al-beyt » (« la maison » en français), dans le but de créer à la fois un foyer sur Paris pour les exilés, mais aussi pour acheter des terrains dans la région d’Idlib pour offrir un espace d’autonomie aux Syriens sur place.
Tenir
Josette est une enseignante et entrepreneuse haïtienne installée en France depuis 1988, présidente de l’association « Haïti futur ». A Haïti, la situation politique est instable depuis des décennies. Le pays des Caraïbes est touché par l’insécurité, les affrontements entre milices armées, l’extrême pauvreté ou encore les catastrophes naturelles. Le 7 juillet, le président est assassiné. Pour Josette, il faut donc tenir. Elle voit dans l’éducation des enfants haïtiens la clé pour améliorer la situation du pays.
Trois pays, trois histoires, trois temporalités.
Dans cette vidéo, ce sont uniquement leurs voix qui nous portent. Ils nous confient leurs histoires, leurs doutes et leurs espoirs.
Crédit illustration : Denis Peynastre